Les mâchoires d'enclume d'ici
de l'enfer épouvantable d'abîme
qui fait bouillir ses baves dans un cauchemar vert,
les mâchoires se crispent sur les fantoches,
font carnage de toutes les divinités.
Alors notre troupe burlesque, libérée,
celle des prophètes laurés et roses,
avec le sceau d'une ride sur le sourcil,
se tord en spirale, s'élève comme un fût de roseau
dépêtrée avec justice des pierrots sanctifiés de la vallée.
S'évadant de la gueule du jour, la grenouille bondit, nous, écorchés dans l'épine, nous avons inventé l'amour, fondant un firmament habitable comme un aveugle crée
l'univers.
D'une fausse géographie, par une plaie de cervelles obscures, nous bâtissons dans une révolte de dégoût stupide, l'amour, après l'édifice de strabites de la
poésie.
Etoile grise, l'alouette gravit l'escalier du chant,
puis nous creusons la flûte qui hisse une colonne baroque,
fait jaillir une tour de cristal
croissant mieux qu'une fumée d'ailes vers les deux de forêts,
tour de silence sans frémissement de syllogisme,
mais elle monte dans des vides glacés,
dépasse les fumées colorées des cuisines,
puis s'élance plus haut que le carbone des arbres,
plus haut que les exhalaisons vertes des villes
dans les nues irrespirables des emblèmes mythologiques.
La démarche des notes se suit sur l'échelle,
comme des maniaques entêtés pressés vers un but palpitant.
Marche à marche, des pulsations sonnent,
dans les globes crevant du chalumeau barbare.
Et je monte, les nerfs arqués, dans ce mensonge
de tour de verre, qui mène au voyage des amours, des musiques.
J'accepte de plonger dans les passions qui périssent.
Immense orgueil, j'ai inventé l'orgue,
tuyaux qui me projettent dans l'opium du néant,
que je choisis, que j'avale lâchement.
La flûte cruelle me soulève en brûlant
vers une dissolution.
La flûte du pâtre me prend à l'éternité
me tue veulement un peu.
Asphyxie
dans la lumière
par l'amour !
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012