Ah ! ce n'est pas la dernière fois
que le cœur affolé, tout en flammes
devant le monde d'or et de piment,
je chanterai en cercles palmés cet acre amour
où son haleine croisait dans l'air âpre
celle du froid encens qui vogue saintement.
Sur mon cœur le souvenir forge la joie
ô joie solennelle au-delà de l'homme
d'être saoulé par l'opaque illusion
celle qui se moque en fusée sur tous les doutes
prend à la gorge comme l'unique, un
Dieu
enfin
Dieu apparaissant avec force
et je ris comme un idiot d'avoir ignoré
que l'immense ineffable était à ma main
celle qui ne connaît ni l'océan, ni
Paris
et me baise étonnée, avec vérité, doucement
parce que cela ne sera pas avec la mort terminé.
Ainsi hardie me quitte la suave vierge
et mes frissons comme les siens
ont meurtri nos chairs aux aigles du jubé
la volupté nous a labourés comme un poing
une marée de miel et de verveines
et puis cela décline, se retire en s'évanouissant
nous laisse dans la caresse des épines et des roses
un globe de feu dans le front
un grand cri.
Par l'encens qui darde sa robe grise elle ne connaît pas
demain
elle s'éloigne et sous le porche
devant l'herbe des tombes
les bras levés tel un
Christ
elle crie un grand cri
elle gémit longuement comme elle chante
devant tout ce qu'elle voit enfin
la grande petite ville
la corbeille d'amour et de douleur
elle titube
dans le parfum de l'herbe crépusculaire
elle est vierge encore avec l'amour dans la gorge
qui chante comme un ivrogne.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012