Poèmes

Un Grand Cri

par Jean de Bosschère

Ah ! ce n'est pas la dernière fois

que le cœur affolé, tout en flammes

devant le monde d'or et de piment,

je chanterai en cercles palmés cet acre amour

où son haleine croisait dans l'air âpre

celle du froid encens qui vogue saintement.

Sur mon cœur le souvenir forge la joie

ô joie solennelle au-delà de l'homme

d'être saoulé par l'opaque illusion

celle qui se moque en fusée sur tous les doutes

prend à la gorge comme l'unique, un
Dieu

enfin
Dieu apparaissant avec force

et je ris comme un idiot d'avoir ignoré

que l'immense ineffable était à ma main

celle qui ne connaît ni l'océan, ni
Paris

et me baise étonnée, avec vérité, doucement

parce que cela ne sera pas avec la mort terminé.

Ainsi hardie me quitte la suave vierge

et mes frissons comme les siens

ont meurtri nos chairs aux aigles du jubé

la volupté nous a labourés comme un poing

une marée de miel et de verveines

et puis cela décline, se retire en s'évanouissant

nous laisse dans la caresse des épines et des roses

un globe de feu dans le front

un grand cri.

Par l'encens qui darde sa robe grise elle ne connaît pas

demain

elle s'éloigne et sous le porche

devant l'herbe des tombes

les bras levés tel un
Christ

elle crie un grand cri

elle gémit longuement comme elle chante

devant tout ce qu'elle voit enfin

la grande petite ville

la corbeille d'amour et de douleur

elle titube

dans le parfum de l'herbe crépusculaire

elle est vierge encore avec l'amour dans la gorge

qui chante comme un ivrogne.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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