Quand, les soirs, les repas languissent.
Quittant sous les solives noires
La déroute de la table de chêne,
Témoin géographique du potager.
—
Je n'ai pas touché aux vins,
Ma vision sera pure :
Des lentilles de cristal
Des gestes de couleuvres. —
Alors le museau du chien et ses yeux
Une nouvelle fois me font l'ardente question
Le noyau de sa peine semble sucre,
Mais ses regards d'onyx continuent d'aspirer
Liberté !
Grand chien tu n'es pas une personne,
Ni un client, ni un vendeur,
Ni prêtre, artiste, marchand ou maître.
Bienheureux anéantissement
Soit au chien et à l'homme
Confondus à l'éternité
qui est ce jour-ci.
Puis au-dessus des passiflores et des pins
—
Comme jadis de ma toiture appienne,
Au-dessus du tombeau de
Pompée —
Je vois le ru garde par six rossignols
qui ne vivent pas dans un mensonge balancé,
Et le merle qui brode une natte sonnante
Aux peuples illuminés des étoiles.
Ni poivre, ni piment, ni curry,
Enfin ce sera le soir clair
Où des deux poings
A la gorge, j'étoufferai les fils du ciel
Les pères de l'histoire, les blattes du passé,
J'assassinerai l'homme des multiplications,
Cyclone d'étincelles sans demeure.
Je serai pur dans l'incendie,
Sacrifice rouge du dieu des échanges.
Participant au silence grondant,
Noyé dans l'éternité présente,
Et confondu à la mort :
Au
Jugement dernier
Je serai la substance de la lumière.
—
Car je n'ai pas touché aux drogues,
Me tenant droit
Dressé mieux que l'idiot ineffable
Sous l'ondée de la pitié religieuse
Des convives très domestiqués.
Dressé
Actif
Dans la barbarie de toutes les négations
J'attends.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012