Poèmes

Quand les Soirs

par Jean de Bosschère

Quand, les soirs, les repas languissent.
Quittant sous les solives noires
La déroute de la table de chêne,
Témoin géographique du potager.


Je n'ai pas touché aux vins,
Ma vision sera pure :

Des lentilles de cristal

Des gestes de couleuvres. —

Alors le museau du chien et ses yeux

Une nouvelle fois me font l'ardente question

Le noyau de sa peine semble sucre,

Mais ses regards d'onyx continuent d'aspirer

Liberté !

Grand chien tu n'es pas une personne,

Ni un client, ni un vendeur,

Ni prêtre, artiste, marchand ou maître.

Bienheureux anéantissement

Soit au chien et à l'homme

Confondus à l'éternité

qui est ce jour-ci.

Puis au-dessus des passiflores et des pins


Comme jadis de ma toiture appienne,
Au-dessus du tombeau de
Pompée —

Je vois le ru garde par six rossignols

qui ne vivent pas dans un mensonge balancé,

Et le merle qui brode une natte sonnante

Aux peuples illuminés des étoiles.

Ni poivre, ni piment, ni curry,

Enfin ce sera le soir clair

Où des deux poings

A la gorge, j'étoufferai les fils du ciel

Les pères de l'histoire, les blattes du passé,

J'assassinerai l'homme des multiplications,

Cyclone d'étincelles sans demeure.

Je serai pur dans l'incendie,

Sacrifice rouge du dieu des échanges.

Participant au silence grondant,

Noyé dans l'éternité présente,

Et confondu à la mort :

Au
Jugement dernier

Je serai la substance de la lumière.


Car je n'ai pas touché aux drogues,

Me tenant droit

Dressé mieux que l'idiot ineffable

Sous l'ondée de la pitié religieuse

Des convives très domestiqués.

Dressé

Actif

Dans la barbarie de toutes les négations

J'attends.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top