Comme elle fut belle parfois, la vie, pendant que durait un vol de palombes rien que pendant l'ellipse de ces ailes séduisant ivoire comme le platane sous le rabot
Le jour où par le treillis de la volière je regardais dans l'immobile, le stagnant, le monde dans ses mailles octogonales comme un rayon cellulaire de parenchyme, je regardais
la nuit bleue de ce bout à l'autre extrémité des temps
Et le rossignol qui chantait au milieu
au cœur de la brûlante aubépine du printemps
Les hélianthes ouverts de toute leur âme attachés sans pardon à la terre et dans la dureté de l'étau rigoureux.
Et les autres corolles suppliantes, formées par des éternités de crédulité.
Quand toutes les flèches des palombes furent ensevelies dans la forêt des confins ces fleurs disséminées dans le gravier et qui moins que les étoiles se rejoignent
continuèrent d'ignorer celui qui, par les mailles
tentait la charité du monde
d'un appel crépusculaire
plus bref qu'un vol de palombes
Mon cœur des soifs
ou ce feu inconnu
que je nomme
partait vers elles
et la communion des rosées.
Mais ma ferveur ne troublait pas les ombelles
pauvres isolées sans paroles, sans cellule close
où cacher la lassitude des générations.
Le désespoir muet alors en elles
dardait vers moi ses feux échoués
sans tangentes de bréviaires ou chapelets
sans liens d'amour avec l'homme
divisées entre elles, échanges vains à jamais
sans
Dieu ni proverbe d'union et d'amour
s'ignorant dans leurs cœurs sans yeux.
Et chacune pourtant si les anges chantent pourtant tendrement est une présence une vaste actualité en
Dieu
Puis le rossignol vrille dans les sages cornouillers
Alors elles s'entendent dans le murmure vert et les flammes rouges et les cris jaunes
et l'ombre pourpre pourpre d'aubépine
Et rien n'est plus seul devant le treillis octogonal
Sinon
Dieu et moi-même.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012