Poèmes

Paroles d'Aphrodite

par Martineau Philippe

Adonis !

Que n’entends-tu le pas
de mon cœur singulier ?
N’aimes-tu comme appas
que ceux du sanglier ?

Faut-il que ton destin
soit de traquer la bête
quand je mène d’instinct
une plus douce quête ?

Serait-ce que ton sort
soit de suivre des traces
quand j’expose mon corps
à de plus tendres chasses ?

Et faut-il que comme armes
tu ne manies que celles
qui n’ont rien de tes charmes
et me laissent pucelle ?

C’est moi ton Aphrodite
qu’à jamais tu allèches,
dont la chair interdite
n’a connu que l’eau fraîche.

Et s’il importe aux dieux
que ma beauté t’éclaire,
qu’ils ôtent de tes yeux
l’inopportune œillère.

Je veux être ta cible
et ta profonde proie,
et hurler l’indicible,
étreinte contre toi.

Je veux que ma chair s’ouvre
aux rigueurs de ton glaive
et que ton corps me couvre,
et que choir... nous élève.

Je veux que mon cœur s’offre
à l’éclair le plus court
et qu’il devienne un coffre
où te garder toujours.

Les dieux nous ont élus
pour incarner l’Amour.
Je ne veux rien de plus
que tes nuits et tes jours.

Mais l’impudique plaie
qui dénude ton fauve
davantage te plaît
que ma peau saine et sauve.

Que n’es-tu mon vautour
et ma peau ton repas ?
Ne vois-tu comme atours
que ceux que je n’ai pas ?

Que n’ai-je la vertu
d’être une nymphe épiée
et ne t’abaisses-tu
quand je tombe à tes pieds ?

Faut-il que mes caresses
n’épousent que tes ombres
et que ma plainte cesse
pour que rien ne t’encombre ?

Extrait de: 
POEMES TRADUITS DU SILENCE (http://enmotdiese.free.fr/a_auteurs.htm#martineau_traduitsdusilence)

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