Le monde retentit de voix qui sollicitent :
La barrière s'entrouvre, le vent halète, les fleurs
Échangent de muets conciliabules, s'agitant, et tout au fond
de toi,
Dans la demeure, une voix peine à dire son murmure.
Ceux
qui parlent,
Nous ne savons ce qu'ils implorent; ce qu'il fallait répondre.
Même nous refusons de voir ce qui nous est destiné.
Peut-être ainsi : recueille un peu de la vie éphémère; écoute
La souffrance palpiter sur ses roseaux muets.
Dans la nuit
vagabonde.
Un souffle luit sur la flûte du ciel, et la colombe d'un feuillage
Dit de la nuit la légère, la tendre : elle est venue calmer
Votre douleur.
Alors tu connaîtras dans le secret,
Le bruit silencieux de son passage.
Lorsque mourut
Scholastique, un matin,
Trois jours après l'orage bienheureux; à sa fenêtre
Benoît vit
Le frémissement de son âme enlevée dans la brume,
Au-dessus de la cage des arbres battus de pluie.
Les étemels seuls distinguent
Dans le jour transparent, le port que la bourrasque a malmené. À quoi bon le poème alors, si tu ne sais
Un peu l'amour; si, lové dans le ventre de l'heure
Tu ne sais recueillir cette voix douce au creux de la ténèbre,
Dans l'ombre de tes os.
Et qui te parle, n'a connu
Que toi, ne cesse de t'aimer du jour où tu naquis,
Aveugle et sourd et nu, au milieu du désert.
Couche enfin ta face contre le sol,
Afin que passe proche au-dessus de la brise,
Celui dont la nuit d'ombre est le vestige.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012