C'est déjà l'hiver terrible au ciel exsangue,
Qui fait muer les toits en miroirs accablants :
Nous ne connaîtrons pas ces yeux
Qui nous regardent; comme le feu qui change, nous serons
étrangers À la voix qui murmure sa délivrance.
L'été appelle
Et nous laisse insensibles.
L'arbre est plus sage et valeureux :
Il darde ses bourgeons violets face aux pluies rudes.
La petite mésange sait que l'hiver s'achève
Un jour prochain; la sagesse à travers elle chante
Une roulade et quelques trilles.
Si tu savais
Quelle simplicité travaille au cœur de l'être!
Quand tout se tait, lorsque dans le poème
Des paysages blancs font d'arides calculs
Pour signifier l'emblème de raison, le poète irrité
Ne veut plus convoquer la mésange et le buis,
Le chêne impavide et la couleur de l'eau.
N'entre pas ici,
Dit-il, accablé par l'étude, à l'oiseau qui sautille
Sur le dallage du trottoir, la tête de côté, l'œil noir,
Ou sur l'entablement de sa fenêtre (l'écureuil gris du square
Est bien plus téméraire encore).
Une cheminée haute fume, dans la cour de l'hospice,
Et les antennes sur les toits se balancent au gré du vent.
Tous les immeubles, l'ennui, la vie sont immuables veut faire
accroire
L'hiver falot qui se balance d'un pied sur l'autre.
Ta fenêtre Éclairée me dit la peine de ta plume, et cependant
Janvier mendie l'obole d'un soleil pour déchirer la chambre,
Eclairer ton esprit douloureux en quête de splendeur :
Peut-être enfin comprendras-tu?
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012