Poèmes

Xliv

par Philippe Delaveau

Rien ne subsiste d'un palais, ni de la reine

Qui gémit : l'autre l'écoute, médusée, n'osant enfreindre

Ses paroles.

Et l'antichambre verrouillée

À peine allume ses chandelles, que le jour a cessé.

Ainsi de l'ombre murmurante :

L'amour y expire à la nuit, après avoir

Aux lèvres tendres, laissé paraître un mot terrible.

Pour quels rivages s'éloignent ces navires,

Tandis que la lumière s'éteint?

Lointaines mers, tempêtes, mon cœur est plus noir

Que vos tumultes.
Pourquoi tant de douleur dans la ténèbre

De ta nuit?
Nos mains unies, nos lèvres proférant

Un seul tacite mot dans leurs embrasements.
Je reviendrai

Vers mes rivages, seule, m'efforçant de sourire,

Mais ne puis oublier d'un prince généreux, sur des lèvres

Amies, les syllabes fragiles d'une parole amère.

Partout du désespoir je rencontre l'image, et solitaire

Je m'en vais.
Les larmes des princesses

Sont tout aussi fragiles que les autres; le malheur

Ne distingue pas ceux qu'il choisit, sinon pour les meurtrir.

Le poète à sa table s'éprend de celle qui le quitte.

Et nous n'entrerons pas, malgré le vestibule et les murs traversés,
L'attention de tant d'oreilles, dans l'antichambre.
Votre douleur
Brûle secrètement sous des feux indiscrets, belle exilée, docile
Voyageuse, craignant de trop souffrir malgré les mers et les

années,
Qui nous séparent de vos songes.
Semblables à vos amours, nous sommes infidèles
Aux cœurs qui nous adorent voilés de leurs secrets.



Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012

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