Rien ne subsiste d'un palais, ni de la reine
Qui gémit : l'autre l'écoute, médusée, n'osant enfreindre
Ses paroles.
Et l'antichambre verrouillée
À peine allume ses chandelles, que le jour a cessé.
Ainsi de l'ombre murmurante :
L'amour y expire à la nuit, après avoir
Aux lèvres tendres, laissé paraître un mot terrible.
Pour quels rivages s'éloignent ces navires,
Tandis que la lumière s'éteint?
Lointaines mers, tempêtes, mon cœur est plus noir
Que vos tumultes.
Pourquoi tant de douleur dans la ténèbre
De ta nuit?
Nos mains unies, nos lèvres proférant
Un seul tacite mot dans leurs embrasements.
Je reviendrai
Vers mes rivages, seule, m'efforçant de sourire,
Mais ne puis oublier d'un prince généreux, sur des lèvres
Amies, les syllabes fragiles d'une parole amère.
Partout du désespoir je rencontre l'image, et solitaire
Je m'en vais.
Les larmes des princesses
Sont tout aussi fragiles que les autres; le malheur
Ne distingue pas ceux qu'il choisit, sinon pour les meurtrir.
Le poète à sa table s'éprend de celle qui le quitte.
Et nous n'entrerons pas, malgré le vestibule et les murs traversés,
L'attention de tant d'oreilles, dans l'antichambre.
Votre douleur
Brûle secrètement sous des feux indiscrets, belle exilée, docile
Voyageuse, craignant de trop souffrir malgré les mers et les
années,
Qui nous séparent de vos songes.
Semblables à vos amours, nous sommes infidèles
Aux cœurs qui nous adorent voilés de leurs secrets.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012