Rêveuse était la nuit peuplée de songes.
La lune
Inerte et blanche au-dessus des miroirs,
Joue la pièce inconnue sur les tréteaux sanglants.
Mais nous passons sans jamais regarder la splendeur du décor
Ni les habits de scène, sans rien comprendre :
Qui sommes-nous dans les grands corridors?
Qui sommes-nous lorsqu'une larme tombe, si parfaite
Et ronde, et lumineuse, tremblante sur la mèche
De nos yeux, lorsque la flamme de l'espoir
Hésite, que menacent les vents invisibles?
Alors la lune glisse entre les interstices
Du volet son jour amer et blanc, et cherche à soulever
Les rancœurs effondrées sur l'habit de la veille
Au bas des plinthes ; à gonfler la douleur comme fait du rideau
L'aube aux vitres entrebâillées sur la fraîcheur de l'herbe.
Ecoute,
Seigneur, les naufragés de la longue nuit.
Ceux qui ne peuvent plus lever leurs mains vers
Toi,
Car la fatigue les étreint le long de la tiédeur du corps,
Mais vois la lueur incertaine au fond de leur poitrine, d'un
cœur
Inapte à rien saisir du mouvement dans l'ombre
Des anges les plus blancs et du jour le plus pur.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012