Le roi chemine dans la solitude, il chemine
À travers les plaines dévastées, la herse des fumées;
Sur le lacis des hideuses villes, traverse les marais, les maisons
Hautes, le miroir des vitrines, la boue du long torrent
Qu'entraîne au loin la pluie.
L'arbre se souvient de celui
Qu'on élève, le dérisoire, le sublime.
Il tient le sceptre de
roseau,
Mais nul ne brisera les os du serviteur souffrant (sa face de tendresse te regarde).
Il peine encore sur la montée.
Les troncs sont morts
Des arbres vieux et secs ; l'inutile figuier lève ses branches grêles
Dans la torpeur de l'aube, et se déchire le rideau
Qui découvre la nouveauté du monde, jette à l'ombre le vieux
Univers.
Un vent
Glacé balaie sur les places sanglantes les feuilles, roule
De l'an qui s'attarde le foudre ferraillant sur les pavés, et l'œil
Du cheval écumant reflète un monde de folie; les freux s'égaillent
Dans l'air puant,
Vénus emporte promptement sa malle,
Suivi du pas tremblant des faunes; sur le rivage
Jetant aux quatre horizons son cri,
Pan s'efforce vainement de moquer l'année neuve,
Tandis que sur les chaumes, les toitures en feu,
La nuit s'écarte et resplendit alors,
Comme une couronne sur les étendues.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012