Ha cœur que j'aimois tant, et qui m'as tant aimée,
Tu mérites mon cœur, un si riche cercueil :
Mais pour monstrer que moy digne d'un si grand dueil,
Doit mourir, ja mourons d'une mort animée.
Je ne veux de tourment avoir l'ame pasmee
Ny noyer mon courage aux larmes de mon œil,
Mais me venger de tout, et déplaire à mon œil,
M'estant contre la mort moy-mesme désarmée.
Je ne puis plus heureuse arriver à ces bords,
Que d'y accompagner la
Princesse des morts,
J'en auray de l'honneur, et du bien tout ensemble :
L'honneur d'en estre morte, et le bien de la voir,
Je ne tiens pas celuy que la mort desassemble,
Digne d'un si grand prix s'il ne le fait sçavoir.
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017