Caché derrière les feuilles de peupliers
Il ne cesse de sculpter des mots d'ambre
Après avoir quitté les cimetières sans tombeaux
Soudain, il arrête un rayon de soleil
Tandis que le siècle s'achève
Solitaire, au souffle haletant
Dans la rouge argile de la terre en exil
Il trouve l'épine brûlante de la terre natale
Les larmes tissées en voile pour l'éternité.
Là où le temps se dérobe au
Temps
L'abandon de la mort à la
Mort
Adoucit la peine l'instant d'un éclair
Un chant surgit des rivages du
Dniestre
C'est alors qu'il jette dans l'encre
Le souvenir d'une goutte du sang des innocents
Il se dresse seul dans la forêt des pins et des cyprès
Dans le lieu du non-repentir
Criant des mots sortis du fond des âges :
Itgadal ve-itkadache chmé raba !
«
Que le nom de l'Eternel soit glorifié et sanctifié ! »
Récitez le kadich près de toutes les fosses communes
Celles connues, celles retrouvées et celles oubliées
Récitez le kadich en regardant le ciel
Là où des fosses n'ont pas été creusées
Où les tombes ne sont pas à étroit
N'oublions pas que dans l'Europe,
Terre de civilisation,
Dans la cinquième décennie du
XXe siècle
Des hommes ont édifié
Auschwitz
N'oublions pas que les auteurs de l'extermination
D'un tiers du peuple juif
Font partie intégrante
De l'espèce humaine
N'oublions pas l'unicité du désastre
Du génocide juif,
De la shoah
N'oublions pas que le silence
Est impardonnable
N'oublions pas !
ZAKHOR!
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012