Par un jour de printemps
Ensoleillé, plein d'espérance
Après avoir dit et crié tant de bonheur
Tout le bonheur que tu as souhaité à toute l'humanité À cette humanité délaissée, marginalisée, bafouée
Après avoir acheté un bouquet de fleurs
Et vagabondé dans les rues de
Paris
Souriant aux marchands de légumes et de fruits
Après avoir écrit une lettre, ta dernière lettre
Adressée à un ami lointain que tu as tant aimé
Et qui se souvient encore de tes premiers pas de déraciné
Après avoir regardé dans le miroir de ta brève vie
Où les cerisiers de
Braïla embaumaient les
Vendredis soirs
Tandis que les jeunes paysans dansaient aux sons des
[violons
Après avoir mis de côté les éprouvettes de ton alchimie
Prononcé de ta voix cuivrée ton dernier poème
Tu as fermé lentement la fenêtre de tes pensées
Et tu t'es endormi pour l'éternité
Après un dernier et bref combat de tes voix respiratoires
Inondées par l'odeur destructrice du gaz
Tes grands yeux se fermaient
Tu avais gagné cette dernière bataille
La mort volontaire !
Par un jour de printemps
Trente-cinq ans après ce geste injuste, le vent vagabond
Se plie dans un ballet plein d'incantations
Le maïs, l'orge et le blé moldave renaissent
Les grains ont suivi ton exil
Une lumière nouvelle a envahi les jeunes gens
Et ils ont retrouvé le chemin vers ton univers
Vers ton chantier où ils planteront pour toujours
L'arbre de l'Amitié
L'Amitié des choses et l'Amitié des êtres,
Car toi,
Ilarie, tu avais raison :
Rien n'obscurcira la beauté de ce monde !
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012