C'est ici que l'on trépigne
le cœur dans les cuves avec le raisin,
que la mule sur l'aire broie le froment.
Les jours agités s'embrouillent,
ou peut-être c'est une mélodie exacte,
ou le chant véritable des étoiles
sous la cloche de leurs constellations,
poussière de paille,
buée de la batteuse
d'univers
La congestion et le soupir étouffent les
scarabées obscurs dans la gorge
et dans le ventre, prisons hermétiques
de la conscience, où grossissent
les maux séculaires le vaste bétail
des tempêtes du ciel menant
son troupeau de baleines noires
Un soir sur piste d'équilibre,
les héros d'Olympe en carnaval
ont éventré le
Christ, brûlé les
Dieux nègres,
roué
Luther,
Knox et
Calvin,
puis de
Jupiter les sages firent du marbre,
et
Bouddha était encore un
Dieu.
Et enfin dans l'averse des nébuleuses du jour
voici rien que nos années dans l'éternité
le sang des quatre mille jours
bourdonne au tympan de nos oreilles nous n'entendons plus les chants refusons les ivoires et les missels les symboles d'allégories utopiques blasphèmes tous les décors et les
vertus que disent les
Apôtres.
La résignation soit damnée avec le stoïque qui châtre la révolte.
Pourrisse vivant le lâche qui accepte d'être le nitrate d'un sol à nitrate une manne pour l'imbécillité, l'ammoniaque d'un fumier
Nous ne sommes pas en fonction
dans une politique du
Platon de soleil optimiste,
nous habitons aujourd'hui les ténèbres authentiques
Ouvrez toutes les fenêtres et les portes
se fende la terre, se déchirent les montagnes.
Déblayez pour la grande marée
rasez la botanique des sentiments angéliques
qui croît entre les créneaux de nos prisons,
Rasez les forêts de pals
car tous nos sauts
se terminent sur la herse.
Abrité, sous un paillasson,
je casse des pierres sur la route.
Le sommeil est ailleurs et je sais ce que je fais,
l'œil prêt à saisir l'ouverture,
la tête penchée, mais j'ai mille regards
sous la visière transparente.
Ce remous d'aujourd'hui est solstice :
J'attends, connaissant les armes et les poisons.
Le soleil des années tourne.
Honte aux chants aveugles
du berger sans mort qui joue de la flûte
Je ne transpire pas pour du pain
ni pour d'avilissantes musiques.
Je suis le possédé de douleur,
d'une bombe nihiliste
opérante,
qui crèvera l'obstacle.
Le sang de l'espoir trépigne,
défendons la clairière gagnée,
gavons de mets carnés le
Mal,
qu'il grandisse sur les ordres anciens.
Ni jeux, ni poèmes, ni images,
plus d'icônes d'icônes
plus de voiles sur la sainte angoisse.
Cela éclatera comme le tonnerre
une lave du sang de la souffrance
qui couvrira la terre
et puis l'éclair incommensurable
ouvrira...
Ne perdons rien dans le remous, trépignant entre les tours d'iris.
Aujourd'hui plus de rêves !
Prêts à bondir dans la déchirure.
Mais plus de mélodies !
La mort, hâ ! seule divine, par les crimes stériles...
Lors, nous sommes dans cette marée sur la pellicule de l'océan des univers,
d'illusion pivot puéril.
Tout vire à l'entour, tout fuit,
Je suis seule pervenche dans la crique
des tours d'iris, de roseaux et de saules,
qui font les grillages des prisons.
Fruits acides dans le vinaigre immobiles, pétrifiés, nous assistons
à la fin crépitante de tous les flambeaux :
Le crépuscule fatalement définitif entre au milieu des gerbes aquatiques.
Voici les morts terminés.
Plus de
Mères !
Moribond je tire les draps sur mon visage,
et la douleur divine
s'écrase comme une maison sur mon cœur.
Je l'appelle, l'appelle, l'appelle !
Plus de couronnes de pâquerettes
ni d'encens, ni de prières aux filles vierges.
Voici l'aube austère des abîmes.
Sur le sel des étoiles,
dans le comble des maisons de nos douleurs,
paraît l'incendie des antiquités,
ce qui exauce et finit
voici l'aube
mon parfumée.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012