Poèmes

L'étranger

par Georges Emmanuel Clancier

pour
François
Dornic

Je sors du grand mouvement
Où se pressaient les soleils
Les routes sans traces
Les feuillages de la nuit
Les branches de lumière
Le sang

Et ce seul oiseau des forêts, mort.

Dont le souvenir chaleureux déjà se dépouillait entre mes doigts.

Avant la naissance en mes pensées d'autres pensées.

Au creux de mes paumes d'autres mains,

Avant que naisse au bord de ma présence

Une ancienne attente où me surprendre.

Avant le recueillement :

Cette danse, cette brume

Accordée

Comme une éternité aux pas de découvertes,

M'ont reconnu :

Les pierres

Et les hommes.

Les disparus, les anéantis.

Ces maisons dont la masse pesait moins qu'une aiguille

de pin.
Ces visages plus vains
Plus vaniteux, tellement plus vains
Qu'une bulle d'air en plein lac.

Ils ne m'ont pas connu.

Et devant eux j'ai oublié ma nouvelle saison

Toute dorée et odorante

Qui tendrement m'avait mûri

Comme son seul fruit.

Devant leur vide.

Étonnée, attentive.

Déjà sur l'adieu,

Elle a pris la route aux lents nuages,

Elle allait en diminuant à l'horizon

Avec le glissement intime d'une neige.

Je n'étais plus

Que le désert de leurs mensonges paresseux.

Au centre était mon vide sosie prisonnier.

Je l'ai abandonné à leur sommeil.

Puis,

La descente noire et fluide du monde.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

Lettre d'Informations

Abonnez-vous à notre lettre d'information mensuelle pour être tenu au courant de l'actualité de Poemes.co chaque début de mois.

Nous Suivre sur

Retour au Top