Saint
Logogure de
Locuste
Sainte
Madeleine de
Mentepolle
âmes émiettées de marmottes
transparences albinos presbytes
je n'exhiberai pas l'image microscopique de vos péchés
Aigrement je ne vous traduirai pas en scolastique je ne vous appellerai pas sur la pierre dure sur la pierre blême savante de mon jugement trop désuète anachronique interrogation
et vous étiez ténus dans un âge mal grandi
Vous étiez à l'école des donnats
sur l'aile nébuleuse des encens
aux cellules des ignorances velues
et des chasseurs pleins de caillots
vous marmottiez l'épellation des psaumes encore verts
et les pauvres d'alphabets craignaient en vous
les sorciers lecteurs de grimoires
Si vous surviviez à l'audition des harmonies et aux mimiques séductrices de
Satan — ô laudes à votre candeur d'immunité ! — c'est que vous aviez chaque soir à chaque crépuscule l'hôte dans votre grotte et quels colloques le
soir avec le
Maître et la visite de la cour des
Anges
Mais nous savions les nuits fermées comme des fosses
au fonds des précipices de fange
seuls dans le cercueil dressé des falaises
des étroites falaises de bitume
et l'appareil charnu surgissait au départ de l'hôte
les trombonnantes somptuosités de l'Enfer
avec l'infaillible prédominance du rut
qui qualifiait toutes les choses insanes
chaque nuit que l'hôte s'éloignait
des marmottes divines.
Aujourd'hui, je dis dans l'aujourd'hui dans nos saisons contemporaines le
Saint est un
Géant sur le chevalet des lois et dans les brodequins cloutés des taudis
Sainte de
Mentepolle et
Saint
Locuste
vous avez mangé des lézards, sauvé des hameaux
lavé la peau d'écaillés des lépreux
c'était vos siècles sur la terre
des âges où il suffisait d'être blanc et pur
Sainte
Madeleine, sein de refus autant que le marbre cocon de poils, barrière à la griffe d'églantier cheveux tressés aux nattes de feuilles mortes jambes, longues racines
pâles d'iris aquatique
Saint
Logogure de
Locuste
homme de gris et de poussière
porte sans emphase un nom de lunelle d'or
et dans ses guenilles chantent cigales et sauterelles
pou du désert et roi du rien dans l'abnégation
Tournez vos faces ahuries vers moi
il n'y aura ni surprise ni mépris
je sais que vous étiez crucifiés devant un albume
troué d'alvéoles insondables
un abîme, masque de votre vérité d'acier masque qui lançait des déluges et des cataclysmes d'interdictions
Je sais que l'abîme est un cratère
dur, impénétrable, refermé comme un caillou
comme le néant quand je le nomme
l'abîme c'est à cela que vous aviez donné un nom
ô
Locuste, ô
Madeleine marmottes de cristal
et votre adoration
Mais aujourd'hui il ne suffit plus d'être blanc et pur
l'abîme a perdu ce nom substitué
l'abîme est comblé, tout bâti et gonflé
pulpe serrée, tout bâti comme une ville tropicale
d'abondance de blanc et d'or sous le soleil
travail des
Géants dans le cube
et l'esprit ailé d'azur
ils défrichent des continents
tracent des pistes aux loisirs de la
Joie
Vois leurs cités dévoilées, leurs tours où se métamorphosent
la vue, l'ouïe, l'odorat
voyez ces sommets, petite souris
Madeleine
et maigre
Locuste au nom de sequin d'or
Les
Géants se retournent vers les hommes
et contemplent l'immigration de ceux qui approchent
comme je vois et regarde vos faces innocentes pures
marmottes éperdues aux portes de la cité nouvelle
De leurs tours des sommets
sous les nuées où fut l'abîme
les
Géants entendent et voient
en troupes de chants heureux
les pas de l'ascension de l'Homme
Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017