L'amour qui connut les amours anciens où vivait déjà l'amour inconnu,
les amours pareils aux prémices rouges et aux tamaris — quand la mer s'ouvrait,
l'amour qui connaît pour les mêmes noces les amours mûris sous d'autres amours,
les amours pareils aux épis grillés sur le chêne blanc — et au sang venu,
l'amour qui connaît les amours prochains, les grands amours morts qui naissent la nuit,
les amours pareils au vide sacré qui rend chaque mort avide d'aimer,
l'amour incessant qui a tout connu pour tout accomplir, il est sur la neige.
Il est comme l'eau, le seigle et la laine dans la ville pure.
Et devant lui l'homme
pour nommer ensemble et mûrir ensemble un homme d'été pour l'été du monde.
Car il n'est d'amour qui n'aille à l'amour ni d'herbe en ce corps qui ne mène à l'herbe
ni de différence à n'être le chiffre de la plénitude et de l'unité
dont l'amour travaille et sale déjà la terre qui croît vers la haute terre
et la chair qui croît vers la haute chair et le corps qui prend l'odeur de l'esprit
comme de cassis et de mandarine l'enfance passée au pays des viandes,
— et plus loin déjà qu'elle meurt encore l'image du feu qui se change en feu !
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012