Poèmes

Rompu

par Jean Claude Renard

Rompu, je suis, glacé, creusé, et tout en feu

par sang ou par merveille, forcé d'aller dormant devant l'étrange dieu

que ne connaît ma veille!

Brûlé, je suis, nocturne, ayant qu'un dur amour

hors des corps coulumiers, ô seul, ô déchiré quand je marche de jour,

l'arbre en moi des sourciers!

Capteur, je suis, et proie, tout vidé de la chair

qui ne crée qu'une race, ne sachant si je vois au revers de la
Mer

la fausse ou la vraie
Face !

Scellé, je suis, terrible, et pourtant tout percé

de m'avancer vers
Qui, quand je laisse après moi la froide sûreté

pour trembler dans l'Esprit !

O lequel en mystère a la mémoire ouverte

si chacun est hanté, quelle oreille a l'Oracle. — et quel
Soleil m'alerte

d'un
Même à deux côtés?

Est-ce de cette foudre, est-ce des souterrains

que me vient le secret, est-ce d'ici, coupant la très ancienne main,

que futur je m'en vais?

Contraire à vous, cassé, contraint de prendre terre

dans l'autre profondeur, dites-moi : suis-je vif, suis-je mort.
Tête arrière,

quand je regarde
Ailleurs !



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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