Si d'étranges colombes ne s'étaient posées là.
Dans cette lande rousse lainec d'un champ de pierres où je cherchais un signe.
Il n'y aurait pas eu (pourquoi?) sur les ruisseaux
Tant de fougères mortes.
Une chambre peinte de pommes, de cruches, de soleils
Connaissait les mots noirs qui consument la mer
Et forent sous les os, à l'envers de l'amour.
De grands pays déments.
Quelqu'un qui ne parlait que de choses secrètes
Y enterra le feu,
—
Tournant vers le silence les arbres d'un ravin
Où se perdirent les sources.
Le soir, dans les genêts,
Toute piste de cerf s'écartait de son corps qui profanait le sacre.
Pourrissait l'herbe pure
Et transmuait le sang en quel sang possédé.
Quand les branches furent sèches
Et la peur d'exister assez prête au néant
Les ténèbres y prirent — puis brûlèrent les agneaux
Descendus des collines.
Plus tard, près des falaises,
A travers la mémoire des puits antérieurs et récriture des astres,
Une main humiliante approcha de l'angoisse
Un livre ouvert au vide, au sommeil et au froid.
D'épaisses lâchetés
Durent avec le pain manger la cendre acide
Des dieux momifiés
D'où s'éloignaient les pluies.
Il fallut aux racines
La patience de l'eau filtrant dans les cavernes
Pour retrouver au fond du métal et du sable
La lumière arrachée.
Mais de ces tiroirs rouges — ce lit d'initiation
Là-bas, dans une armoire dont les puissances veillent et vivent de tuer,
Remonte encore parfois, comme une odeur d'alcool,
La fascinante absence d'un langage détruit.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012