Poèmes

Pour la Lumière et pour le Vin

par Jean Claude Renard

Comme entre les os proférés

la parole mère — le feu

dans le lit natal de la nuit,

qu'ainsi la tête de taureau

luisante de laits et d'anis

sous l'arbre de la lune, — un peuple

avec la pierre prophétique

se lève encore pour sacrer

la science des noces peintes

dans la profondeur des cerfs rouges !

Car malgré le sang et la mort

toute planète pour la fable

à reconnaître et inventer

d'un même amour — d'un même amour

à recevoir et à mûrir

comme dans l'incantation

la terre hantée d'une autre terre,

n'a pas le nom des foudroiements.

Ô voyages magnétisés!

Dans la mémoire sous la laine,

dans le mystère entre les morts

n'est pas détruite la racine

qui charge d'herbe et d'or la chair,

mais séparée — et la narine

dure à la force de ton sel,

ô mon soleil !
Cette semence

plantée plus vive que la vie

aux origines du silence

cherche pourtant, dedans le corps

frappé déjà d'éternité,

à le changer en elle-même.

Et comme d'un seul poumon mues

les hautes respirations,

c'est de toutes glaises obscures

une traversée, une enfance

vers l'eau centrale de l'été.

Les augures teints sur la roche

sont d'agneaux noirs, la mer acide,

et dans les pays enterrés

brûlée, noyée la femme aux neiges.

Mais ton amour est sous la menthe

et ta chair déjà sous la chair

et sous le malheur le pain pur.

Car une joie d'iode et de bois

depuis le premier jour du monde

fait une fête essentielle

à travers signes et figures

vers le seul corps royal — ô
Christ,

afin qu'en lui seul soit par lui

la patience de la vigne

fraîche aux captures solennelles,

libre dans la métamorphose

pour la lumière et pour le vin.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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