Ils auraient dû filmer leurs amours, leurs élans, leurs faux soupirs et leur jeunesse perméable, conservant pour leur nuit des images moins floues que ce magma où tout
s'estompe : leur profil,
leurs regards soupçonneux, leurs compromis sans
chair, leurs morsures sans dents, leur âme qui se casse.
Car dans le moindre geste un autre acteur les
double, toute version originale étant perdue.
On leur confie sans conviction un bout d'essai dans leur propre existence : ils y sont maladroits comme au temps du muet les grasses tragédiennes.
Malgré leur hébétude, ils ont assez d'argent pour qu'un bon cinéaste, au bord de la faillite, accepte de tourner au ralenti leur mort.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012