A 20 ans, je voulais transformer l'univers, peu importe comment, peu importe pour qui.
A 25 ans, j'étais un vainqueur : les
Teutons à genoux devant moi, la
France libérée,
les femmes dans mon lit.
A 30 ans, j'entendais rendre le peuple heureux : j'avais le cœur plus vaste qu'un fleuve en crue.
A 40 ans, mes poésies devaient, comme le pauvre chien rapporte un os,
me rapporter la gloire.
A 50 ans, la joie
sans détour m'a suffi : les compagnons, l'épouse,
les compromis du corps, les pantoufles de l'âme.
A 60 ans, je grincerai comme une porte,
pour que les jeunes gens quelquefois me remarquent,
moi qui ne serai plus qu'un modeste intestin.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012