Poèmes

Naissance

par Edouard Glissant

A la source que pas plus d'ombre,
A la source où gai le sang,
Bouillie de provinces, de lits,
Plus oreiller que tous les seins, —
La source
Plus que géante pour le chaud.


Matin de printemps.
Sur la colline

Les choux étaient plus ventres que les ventres.

Car la source n'est plus la source,
Crachait des pierres, et dans la bouche
Un bout de sein vieux.

La tête

Voulait mouiller de son sang l'herbe douce

Et dormir.

Venant de par delà les sources et de l'endroit

Où les merles s'en vont chercher leurs becs si jaunes :


Je vous salue, dit-il,
Comme il se doit,

Et vous révère,
En attendant.

Mère aux larmes brûlantes, l'homme fut chassé de

[vous —

De vos tendres ténèbres,

De votre chambre de muqueuses.

Le pain du condamné, la sueur des aisselles,
Le gras du doigt sur la fenêtre.

Aux alentours du froid
Pouvoir soigner la rose.

Un oiseau coupé
Saigne dans la nuit
Sur la cathédrale
Et bat des nuages.

«
J'étais bien dans les grottes «
Aux montagnes du père «
Dans le sein de la fleur. »



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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