J'aurais voulu dans le matin languedocien
T'enlacer avec force dans mes mains fébriles
Comme autrefois quand tu m'as surpris
Dans mes rêves d'adolescent
J'étais seul devant la mer et la montagne
Dans ma corbeille les mélodies de ma mère
Les chants yiddish, les parfums des lilas
Les sensations fortes d'une enfance sereine
Je voulais conquérir le monde
Quitter la grande rue avec un cerf volant
Gagner le lointain
Alors pour la première fois tu m'as approché
Tu m'as caressé mon front d'adolescent
Ton premier baiser d'amour a laissé en moi
Un souvenir inoubliable
Depuis, dans les courses cérébrales
Dans l'enchevêtrement des routes, du temps
Des musiques, des peintures et des poèmes
Il y a des moments d'arrêt
Je suis ton prisonnier
Mets-moi devant la mer des larmes non séchées
Devant la montagne des espoirs étouffés
De tant de rêves d'adolescent
Jamais réalisés
Serre-moi encore une fois, mémoire de silence
Toi, univers renversé, amour obsédant
Mémoire déracinée d'un peuple sans tombes,
Mémoire intervertie, mémoire de feu,
Mémoire pure des villages de mes frères,
Mémoire fidélité, mémoire sainteté
Mémoire volcanique, mémoire justice
Pour que le sourire des enfants d'aujourd'hui
Embrasse la joie de la vie
Dans ce matin éclatant du printemps languedocien
Une seule prière :
Mémoire de silence, jamais plus!
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012