Il pleut sur l'autoroute
Des milliers de gouttes de tes yeux
Mémoire calcinée d'autrefois.
Le cycle des souvenirs recommence
La
Provence est en vendanges
Et quelque part on prépare les couteaux.
Aujourd'hui c'est le souvenir,
Hier c'étaient des bourgades blanches
Caressées par le son des cloches en cuivre,
Embaumées par les fleurs de l'automne moldave,
Crucifiées par la haine des monstres en chemises brunes
Lavées par le sang des innocents. [ ou vertes,
Le cordonnier, le tailleur, le charpentier
Le forgeron, le menuisier, le vitrier
Le fourreur, le marchand de quatre saisons
Le riche commerçant, le vendeur d'eau
L'enseignant, le fou, le mendiant
Le coiffeur, le médecin, le charretier
Le chapelier, le boulanger, le violoniste
Le vendeur de tabac, de pétrole lampant et de chaux
Les lecteurs de psaumes, le rabbin
La mère allumant les bougies du
Vendredi soir
Les enfants murmurant l'alphabet hébraïque
Petit peuple d'autrefois, sans sépulture
Englouti dans les neiges glaciales de
Transnistrie...
Peuple de la foi, monde sans cimetière
Il subsiste pourtant des missionnaires étranges
Qui auscultent le silence
Et qui savent la mort, la guerre et la prière
C'est toi qui les envoies
Mémoire calcinée de septembre
Pour que le poète brûlé à jamais, continue de crier
Même ici, dans la
Provence de la sagesse et de l'hydromel
Ouvrons le livre liturgique :
notre
Père ! source de toute miséricorde,
Toi qui résides dans les cieux, souviens-toi des
Justes,
Des fidèles, des saintes communautés qui ont souffert le
En confessant la sainteté de ton nom... [ martyre
Aujourd'hui c'est le souvenir
Hier c'étaient des bourgades blanches
Le cycle des souvenirs recommence
Mémoire calcinée d'autrefois.
Poème publié et mis à jour le: 16 November 2012