Caïn se promenait avec ennui, se souvenant
Des bosquets où l'oiseau de l'aube lance
Sa juste note plusieurs fois, dans le jour innocent.
D'où vient ce souvenir?
Pourquoi dans une rue
S'arrête-t-on soudain, la proie fugace du bonheur :
Et s'abolit le temps et de l'azur ruisselle
Une joie bleue qui nous rappelle
Que nous étions promis à d'autres lieux, pour des fêtes sans
fin.
Caïn lève ses yeux repentants : où est le
Juste
Que j'aille à ses pieds me jeter?
Et nous cherchons dans les recoins de la mémoire
Infidèle, une campagne encore épargnée par le bruit :
On y devine les bêtes du bocage
Au grognement, là-bas, derrière la clôture.
Sur l'herbe verte, dans le seau, le lait repose,
Onctueux et doux.
Une abeille couleur
De crottin d'or, trace dans l'air bleuté
Une arabesque au-dessus des lavandes.
Le même amour nous épargnera-t-il?
Caïn rejette
Dans le canal, son vêtement d'orgueil, secoue dans l'ombre
Sa tête aux cheveux emmêlés, et nu, s'éloigne sur les trottoirs.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012