C'est au petit matin que tous les personnages abandonnent leur livre natal pour errer n'importe où dans les rues de la ville ironique, parmi les gens qui sont de chair et de sueur.
On peut les reconnaître à leur regard tremblant, à leurs mains tachées d'encre, à leur profil qui porte comme un reste de verbe.
Ils ne sont pas heureux de leur soudaine liberté.
Osent-ils vivre
en bonne intelligence avec leur faux destin
de héros manuscrits ?
Vers le soir ils reviennent,
penauds mais délicats, dans leur foyer : ces pages
entre la prose et le poème, où leur détresse
est à l'abri.
Sa colère passée, l'auteur,
sceptique et généreux, les reprend dans son livre.
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012