Poèmes

Le Lion et L'Ane Chassant

par Jules Laforgue

Jules Laforgue

Le roi des animaux se mit un jour en tête

De giboyer : il célébroit sa fête.
Le gibier du lion, ce ne sont pas moineaux.
Mais beaux et bons sangliers, daims et cerfs bons et beaux.

Pour réussir dans cette affaire,

Il se servit du ministère

De l'Ane à la voix de
Stentor.
L'Ane à messer
Lion fit office de cor.
Le
Lion le posta, le couvrit de ramée,
Lui commanda de braire, assuré qu'à ce son
Les moins intimidés fuiroient de leur maison.
Leur troupe n'étoit pas encore accoutumée

A la tempête de sa voix;
L'air en retentissoit d'un bruit épouvantable :
La frayeur saisissoit les hôtes de ces bois;
Tous fuyoient, tous tomboient au piège inévitable

Où les attendoit le
Lion. «
N'ai-je pas bien servi dans cette occasion?
Dit l'Ane, en se donnant tout l'honneur de la chasse. —
Oui, reprit le
Lion, c'est bravement crié :
Si je ne connoissois ta personne et ta race.

J'en serois moi-même effrayé. »
L'Ane, s'il eût osé, se fût mis en colère,
Encor qu'on le raillât avec juste raison;
Car qui pourroit souffrir un âne fanfaron?

Ce n'est pas là leur caractère.



Poème publié et mis à jour le: 12 July 2017

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