Mars autrefois mit tout l'air en émute.
Certain sujet fit naître la dispute
Chez les oiseaux, non ceux que le
Printemps
Mène à sa cour, et qui, sous la feuillée.
Par leur exemple et leurs sons éclatants.
Font que
Vénus est en nous réveillée;
Ni ceux encor que la mère d'Amour
Met à son char; mais le peuple vautour.
Au bec retors, à la tranchante serre.
Pour un chien mort se fit, dit-on, la guerre.
Il plm du sang : je n'exagère point.
Si je voulois conter de point en point
Tout le détail, je manquerois d'haleine.
Maint chef périt, maint héros expira;
Et sur son roc
Prométhée espéra
De voir bientôt une fin à sa peine.
C'étoit plaisir d'observer leurs elTorts;
C'étoit pitié de voir tomber les morts.
Valeur, adresse, et ruses, et surprises,
Tout s'employa.
Les deux troupes, éprises
D'ardent courroux, n'épargnoient nuls moyens
De peupler l'air que respirent les
Ombres;
Tout élément remplit de citoyens
Le vaste enclos qu'ont les royaumes sombres.
Celte fureur mit la compassion
Dans les esprits d'une auire nation
Au col changeant, au cœur tendre et fidèle.
Elle employa sa méditation
Pour accorder une telle querelle :
Ambassadeurs par le peuple pigeon
Furent choisis, et si bien travaillèrent.
Que les
Vautours plus ne se chamaillèrent.
Ils firent trêve; et la paix s'ensuivit.
Hélas! ce fut aux dépens de la race
A qui la leur auroit dû rendre grâce.
La gent maudite aussitôt poursuivit
Tous les
Pigeons, en fit ample carnage,
En dépeupla les bourgades, les champs.
Peu de prudence eurent les pauvres gens
D'accommoder un peuple si sauvage.
Tenez toujours divisés les méchants :
La sûreté du reste de la terre
Dépend de là.
Semez entre eux la guerre,
Ou vous n'aurez avec eux nulle paix.
Ceci soit dit en passant : je me tais.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012