Deux
Taureaux combattoient à qui posséderoit
Une
Génisse avec l'empire.
Une
Grenouille en soupiroit.
«
Qu'avez-vous? » se mit à lui dire
Quelqu'un du peuple croassant.
«
Et ne voyez-vous pas, dit-elle,
Que la fin de cette querelle
Sera l'exil de l'un; que l'autre, le chassant,
Le fera renoncer aux campagnes fleuries?
Il ne régnera plus sur l'herbe des prairies.
Viendra dans nos marais régner sur les roseaux;
Et nous foulant aux pieds jusques au fond des eaux,
Tantôt l'une, et puis l'autre, il faudra qu'on pâtisse
Du combat qu'a causé
Madame la
Génisse. »
Cette crainte étoit de bon sens.
L'un des
Taureaux en leur demeure
S'alla cacher à leurs dépens :
Il en écrasoit vingt par heure.
Hélas! on voit que de tout temps
Les petits ont pâti des sottises des grands.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012