Un enfant criait sur la plage
Il se tordait sur le sol.
On accourut du voisinage
On l'emporta hurlant, au prochain parasol.
Son petit pied gonflait de seconde en seconde-
Ses cris fendaient le cœur à tout le monde.
C'était pitié de voir souffrir cet innocent.
Un médecin passant,
D'aventure,
S'approcha. (Il ne faisait pas sérieux tout nu.)
Se penchant sur le pauvre petit corps tordu :
«
C'est une vive, il faut une voiture,
Dit-il, le pharmacien
Lui fera une piqûre.
Moi, maintenant, je ne puis rien. »
Il ajouta : «
Hélas ! jusqu'à l'autre marée,
Le pauvre petit va souffrir beaucoup. »
Prises de panique à ce coup
Les mères affolées groupèrent leur troupeau.
Si un monstre marin était sorti de l'eau
Il ne les eût pas étonnées.
«
C'est trop injuste, disaient-elles;
Juste à la fin de la journée !
—
La sale bête qu'on ne voit même pas !
—
Il jouait,
Madame, à deux pas
Avec sa petite pelle.
Il faisait des petits pâtés, bien gentiment !
Pourquoi, mon
Dieu, pourquoi faut-il donc
[toujours craindre,
Lorsque l'on a des enfants ?
—
Il faut se plaindre,
Dit un vieillard, au
Syndicat d'initiative.
Ils demandent assez d'argent.
Ils doivent protéger les gens !
—
Il faut bien que chacun vive »,
Dit la vive
Qui avait piqué l'enfant.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012