Ce sera la route encore, non pas
La rue corsetée d'enseignes lumineuses, ni l'ancienne
Voie bordée d'abreuvoirs où tu guettes parfois
Le pas si mesuré du cheval, compagnon de toujours
Qui caracole tête nue, mesurant notre audace
A la fermeté de nos mains — hennissements, envols
De fougueuses crinières dans le poudroiement d'aube :
Nous ne le verrons plus; toute ville
Élève des murs arides.
Une autre route sans bâtiments à la lisière,
Sans vignes régulières, sans la splendeur des sabres du maïs,
Exacerbés dans la lumière que multiplie l'étain du fleuve
Ou l'ouvrage songeur de l'étang.
Et même la perchée
Des oiseaux d'ocre à la cime sauvage, ne te secourra plus.
Lorsque le crépuscule vieillira.
Tu te souviens des cris
Que racontaient sur les premières pages, l'enfance
Aux cheveux emmêlés; les sables que la pluie cherchait
À graver; les grandes fables parmi les arbres,
D'un soleil rond et rouge, avec son heaume et la lance du
peuplier.
Et tu chemines sur la route désolée, parmi les cendres;
Le paysage est mort, et les neiges nocturnes
Succèdent lentement aux granges de l'automne.
Poème publié et mis à jour le: 15 November 2012