Si blanche l'étrangère à ce pays de feuilles,
A la sortie du bourg dans des caissons de bois,
Elle attendait nos mains quand finissait l'école
Et les tachait de rouge pour brûler.
Oui, fleuves — oui, maisons,
Et vous, brouillards — et toi,
Coccinelle incroyable,
Chêne creux du talu3,
Ouvert comme un gros bœuf,
Qui ne vous entendrait
Criant comme des graines
Sur le point de mûrir?
—
Patience, quelques siècles
Et nous pourrons peut-être
Nous faire ensemble une raison.
Ce soir encore l'étang
Ne s'est pas mis debout
Au passage du vent.
Les chambres sont glacées
Comme des carpes.
La peur
Ne quitte plus les longs couloirs.
L'étang viendrait
Devant les vitres,
Bavant des joncs et des têtards.
Il y a quelqu'un
Dans le vent.
Sa main se venge
Sur les murs et les arbres.
—
Corps humains que l'on palpe,
Corps qui suent :
Rien que ces corps
Devant la peur, devant le froid
Et l'avenir.
Et si l'étang se lève, libidineux,
Il n'aura pas raison
De notre calme;
Nos mains, qui caressent les femmes,
Sauront l'atteindre et lui percer le ventre.
Nous construirons.
Nous liquiderons la peur.
De la nuit
Nous ferons du jour plus tendre —
Et nous n'aurons besoin
Que du toucher des peaux.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012