—
Le vent, le froid, les drapeaux, la nuit,
Le froid, les balles, les drapeaux, la suie,
Crachats rapides entre les cris.
—
On attend cette nuit dans les cours et les aires
La mort de la menace et la venue des fruits.
—
Tu sais — ceux qui chantaient quand la ville
[brûlait,
Ceux qui mangeaient de l'herbe aux rebords des
[fossés,
Ceux qui tombaient en tas en marchant vers les
[balles.
—
La fatigue est venue aux paupières des femmes.
Elles n'accoucheront avant la mort de l'aube
Que si le puits s'emplit des sueurs de l'étable,
Que si ta main presse ma hanche.
—
Mais, dans la nuit,
La marche interminable au bûcher.
—
Ton sang demande à s'épancher.
Je me souviens : dans le pré vert où tu marchais,
Le cri impitoyable du coucou
Me rappelait ton cou si chaud
Où le sang ne se plaisait plus.
—
Soleil mangeur de chair,
Rives criant de faim,
Cri des volailles égorgées,
Font se dresser les arbres aux bords des marécages
Où les poissons s'écaillent sur la vase assoiffée.
Poème publié et mis à jour le: 14 novembre 2012