Leur proue de trirème ou de drakkar semble toujours prête à conquérir la mer.
Devenues pacifiques, elles glissent, sans cesse plus rares, sur des canaux en proie aux explosions.
Noires dessus — les doges le voulurent ainsi par souci d'égalité — vert-jaune dessous, elles gardent les couleurs et le mystère originel des salamandres.
La grande rame qui les meut est leur antenne sous-marine.
De chacun, elles connaissent les secrets passés, présents et à venir, mais leur mouvement silencieux, dû au profil aigu de leur carène, ne les incite guère aux
confidences.
Si
Venise, un jour, disparaît, elles seront ses voiles de deuil, ses pleureuses.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012