Après que la cire de ses ailes eut fondu,
Icare tomba longtemps, si longtemps même, que le soleil se couchait à l'horizon quand la mer l'engloutit.
Nul ne saura jamais pourquoi sa chute fut aussi lente.
Les
Dieux voulurent-ils, en retenant sa descente, prolonger son châtiment ou, à l'inverse, et par quelque étrange clémence, lui laisser le temps de s'habituer à la mort
?
Le mystère demeure.
Ce que l'on sait : au moment où le héros s'enfonçait dans l'eau verte, les siens l'avaient déjà oubbé; sa noyade passa inaperçue; à quelques encablures
un vaisseau de haut bord appareillait, voilure en partie déployée ; tout à côté, sur la terre ferme, un laboureur traçait l'ultime sillon avant le soir; plus bas,
au flanc d'une coUine, un berger observait le ciel, prêt à rentrer son troupeau ; plus bas encore, un pêcheur lançait une dernière fois sa ligne.
Apparemment égale, la vie continuait sans
Icare.
Mais, marin ou berger, laboureur ou pêcheur, l'homme ignorait en cet instant qu'il venait de manquer un magnifique rêve dont la réabté, déjà, volait vers
lui.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012