La saline humidité de l'air attaque vite, ici, le tain des miroirs.
Ils perdent peu à peu leur façade bien lisse, gagnant ainsi en charme, en nostalgie: on n'imagine guère, à
Venise, un poli sans défauts.
Face à eux, le visage s'estompe par coulées ou par taches, comme en passe d'être annulé.
Si l'on veut « se voir » il faut viser entre les plages brunes; il faut se chercher soi-même.
Lorsqu'on se trouve, enfin, c'est encore une image floue que la glace renvoie.
Ces miroirs, œuvre de l'homme, refusent à leur créateur son existence ou son reflet.
Veulent-ils rester seuls à regarder
Venise?
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012