Poèmes

Venise Seule avec Ses Miroirs

par Jean Orizet

La saline humidité de l'air attaque vite, ici, le tain des miroirs.

Ils perdent peu à peu leur façade bien lisse, gagnant ainsi en charme, en nostalgie: on n'imagine guère, à
Venise, un poli sans défauts.
Face à eux, le visage s'estompe par coulées ou par taches, comme en passe d'être annulé.
Si l'on veut « se voir » il faut viser entre les plages brunes; il faut se chercher soi-même.
Lorsqu'on se trouve, enfin, c'est encore une image floue que la glace renvoie.

Ces miroirs, œuvre de l'homme, refusent à leur créateur son existence ou son reflet.
Veulent-ils rester seuls à regarder
Venise?



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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