Mon
Dieu dont je fis des images aux couronnes mal taillées
— mais ne suis-je pas un homme sourd, muet et aveugle —
Et si je vous offense de maigres symboles stéréotypés
— vous qui laminez ma vie, mes os et ma cervelle — n'est-ce pas que vous avez remplacé l'aptitude de mon corps comme un monstre marin envahit une étroite coquille.
Lourde bête de crocs envenimés et de flèches mortelles
je vous ai rencontré, antique, sur la plage des mondes
Et nul ne sut jamais comment la vaincre par les chants ou la
hache ignorant le nœud de son être et comment s'ouvre l'orifice intelligent de l'oreille.
Si tu m'habites avec une ténébreuse jalousie
— ô bête plus lourde que la planète et du poids exact de l'univers — dénoue le secret qui au fond de mon âme sache s'adresser à mon cœur
Tu sais mon honneur
et l'acier où j'enferme les secrets
et que ma voix mourrait ici
quand tu me divulguerais les signes et les mots.
Or, quand ainsi je murmure dans la nuit du siècle mon
Dieu est là, farouche, peut-être hargneux certes intimidité devant l'immensité
dont lui-même s'est par moi comblé paralysant les muscles de ma voix et les articulations de mon cœur humain ô
Dieu éternel, sans hommes.
De tout ce que vous m'avez accordé
O
Dieu, bête gigantesque, avenir éternel de tout cela souffle et rebondit sur vous l'horreur de votre don prématuré.
O
Dieu que j'élève comme un germe fragile
comme une plante avide peu acclimatée
et à qui je n'ai pu
à qui rien ne put
donner l'âge adulte de la plénitude
Depuis notre âge du mollusque
comme un épiphyte vous avez grandi
sur la chair de l'homme
Et avez-vous oublié tous les chemins
que nous polissions devant ceux
qui attendaient de vous leur être et leur aliment
et avez-vous oublié nos forces et nos facultés d'entendre
avez-vous décidé épouvantablement votre abstention
à l'essor naissant de votre croissance
à la prime lueur du jeune espoir
Quand vous aurez pour vivre épuisé notre sagesse
que vous retournerez votre visage vers nous
ô
Dieu, que ferez-vous de cet ambitieux du ciel
(Comment bâillonner aujourd'hui cet infernal cavalier du désert on ne s'entend plus avec lui penser exacerbé de
Lucifer).
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012