Poèmes

Et que J'attende

par Jean de Bosschère

Mon
Dieu dont je fis des images aux couronnes mal taillées

— mais ne suis-je pas un homme sourd, muet et aveugle —
Et si je vous offense de maigres symboles stéréotypés

— vous qui laminez ma vie, mes os et ma cervelle — n'est-ce pas que vous avez remplacé l'aptitude de mon corps comme un monstre marin envahit une étroite coquille.

Lourde bête de crocs envenimés et de flèches mortelles

je vous ai rencontré, antique, sur la plage des mondes

Et nul ne sut jamais comment la vaincre par les chants ou la

hache ignorant le nœud de son être et comment s'ouvre l'orifice intelligent de l'oreille.

Si tu m'habites avec une ténébreuse jalousie

— ô bête plus lourde que la planète et du poids exact de l'univers — dénoue le secret qui au fond de mon âme sache s'adresser à mon cœur

Tu sais mon honneur

et l'acier où j'enferme les secrets

et que ma voix mourrait ici

quand tu me divulguerais les signes et les mots.

Or, quand ainsi je murmure dans la nuit du siècle mon
Dieu est là, farouche, peut-être hargneux certes intimidité devant l'immensité

dont lui-même s'est par moi comblé paralysant les muscles de ma voix et les articulations de mon cœur humain ô
Dieu éternel, sans hommes.

De tout ce que vous m'avez accordé
O
Dieu, bête gigantesque, avenir éternel de tout cela souffle et rebondit sur vous l'horreur de votre don prématuré.

O
Dieu que j'élève comme un germe fragile

comme une plante avide peu acclimatée

et à qui je n'ai pu

à qui rien ne put

donner l'âge adulte de la plénitude

Depuis notre âge du mollusque

comme un épiphyte vous avez grandi

sur la chair de l'homme

Et avez-vous oublié tous les chemins

que nous polissions devant ceux

qui attendaient de vous leur être et leur aliment

et avez-vous oublié nos forces et nos facultés d'entendre

avez-vous décidé épouvantablement votre abstention

à l'essor naissant de votre croissance

à la prime lueur du jeune espoir

Quand vous aurez pour vivre épuisé notre sagesse

que vous retournerez votre visage vers nous

ô
Dieu, que ferez-vous de cet ambitieux du ciel

(Comment bâillonner aujourd'hui cet infernal cavalier du désert on ne s'entend plus avec lui penser exacerbé de
Lucifer).



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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