Poèmes

Dits I

par Jean Claude Renard

1

Sache d'abord

que les premières figues, dans les premiers figuiers d'avril,

ne font reproche d'aucune faule

au feu gelé.

Car la fable n'est pas éteinte dans la salle des morts.

2

Souviens-toi que la neige a des résines vertes.

Elles t'éearteront de la caverne aux loups, du pré de la sorcière où l'autre absence épie le sang.

3

Qu'à belle lune.

sous ta tête,

la «blanche demeure de la mer»

place une pomme et du laurier.

Les songes t'avertiront mieux

4

Lundi,

près d'un rosier, coupe tes ongles avec des ciseaux neufs.

Ils se changeront en miroirs.

5

Mardi,

marchant pieds nus sur des feuilles de sauge vers les menhirs du
Nord, tu trouveras la fête.

Car seul,

entre eaux et sables,

«Où es-tu?
Que dis-tu?»

peut aviver la braise qui dure dans les mains.

6

Traverse, mercredi,

le tronc fendu d'un chêne.

Juste au-delà, l'enfance attend.

7

Jeudi, porte à la sibylle du lait,

— puis sois pour elle l'alouette, le pain de noix, le lit du dieu, le lézard qui lue les serpents.

Dès l'aube, alors, ton corps sera ce tison d'« encre noire et rouge»

qui, sur les vitres, trace la prophétie.

8

Plante une orange au bout d'une branche
I et, vendredi, n'enterre rien.

Trois assiettes de blé suffiront,

si tu dors.

à retenir la nuit

de t'ensalamandrcr.

9

I
En samedi, cueille les herbes favorables.

I
Et, sitôt bu, ne choisis pas — mais, sans lenteur ni hâte, dérive avec l'énigme vers le jeune rire des îles.

10

Venu dimanche,

cherche ressource dans l'éclaircie qui hante parfois les avens,
I — s'y cache pour y transparaître.

Plus rien

n'est proche ni lointain

Puis brusquement, dans la rivière.

certitude et doute effaces, l'évidence luit comme une truite.

11

Le vent d'or,

en tournant,

multiplie les antennes des insectes sacrés.

Quand tu verras mûrir la menthe dans la vallée des hirondelles, creuse jusqu'aux racines «l'aigu et l'infini secret de commencer...».

12

Une fois les œufs peints des signes du silence, toute foudre les couvera.

Apprends ainsi que. par merveilles, le mystère vide le vide.



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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