L'Amour, qui tient l'âme saisie,
N'est qu'une seule frénésie,
Non une déité,
Qui, comme celui qui travaille
D'un chaud mal, poinçonne et tenaille
Un esprit tourmenté.
Celui dont telle fièvre ardente
La mémoire et le sens tourmente
Souffre sans savoir quoi :
Et sans qu'aucun tort on lui fasse,
Il combat, il crie, il menace,
Seulement contre soi.
Son œil de tout objet se fâche,
Sa langue n'a point de relâche,
Son désir de raison :
Ore il connaît sa faute, et ore
Sa peine le raveugle encore,
Fuyant sa guérison.
Tel est l'Amour, telle est la peste
Qu'il faut que toute âme déteste :
Car lorsqu'il est plus doux
Il n'apporte que servitude,
Et apporte quand il est rude
Toujours la mort sur nous.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012