Sonnet
II
En quelle nuict, de ma lance d'ivoire,
Au moussé bout d'un courail rougissant,
Pourrai-je ouvrir ce bouton languissant,
En la saison de sa plus grande gloire ?
Quand verserai-je, au bout de ma victoire,
Dedans sa fleur le cristail blanchissant,
Donnant couleur à son teint palissant,
Sous le plaisir d'une longue mémoire ?
Puisse elle tost à bonne heure venir,
Pour m'engraver un joieux souvenir,
Tardant si peu de son cours ordinaire
Qu'elle voudra l'ombre noir qui la suit,
Car de la nuict le clair jour je puis faire,
Et du clair jour l'ombreuse noire nuict.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012