Je cours, — je me crois libre ; un vent de somnolence
Remue en moi les branches lourdes du
Désir,
Et ma main, se levant vers l'arbre de science,
A la forme du fruit qu'elle voudrait saisir.
Mais — grâce insidieuse, inhumain maléfice —
Quelqu'un mourait pour moi qui ne le savait pas ;
A l'instant de cueillir le fruit de mes délices.
Quelque mort bien-aimé se
couchait sous mes pas.
Providence implacable, en ruses si féconde, 0 vous, de mon désir adorable ennemi,
Qui sûtes écarter, d'un front déjà soumis.
Le joug délicieux et criminel du monde.
Dieu géant, regardez, honteux, chétif et nu.
Cet enfant qui vous brave, et sa fronde sans pierre,
Et ses genoux blessés par de vieilles prières,
Mon désir — ce
David qui veut être vaincu.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012