Poèmes

Sommeil D'atys

par François Mauriac

François Mauriac

Il dort
Je forcerai les dieux même à se taire.
J'anéantis le monde autour d'Atys qui dort.
Le sommeil a rompu le faisceau de ton corps,
Tes membres épandus se partagent la terre.
Doux serpents déliés qui feignent d'être morts,
Et
Cybèle frémit jusque dans ses abîmes
De ce trouble abandon sans caresse et sans crime.

J'entoure ton sommeil d'un bourdonnement sourd
De mouches que le cri perdu d'un coq traverse.
L'endormi ne sait pas ce que pèse un ciel lourd,
Il ne sent pas l'odeur que m'arrache l'averse.
Ni ce désir grondant qui de l'Ouest accourt.
Ni ce ruissellement de larmes sur les feuilles.
La nymphe
Sangaris qu'en un songe il accueille
Agite les bas-fonds sous l'eau qui ne dort pas.

Auprès de
Sangaris qu'il accueille en ses songes.
Que suis-je, être sans forme et que l'océan ronge.
Moi qui ne puis tenir dans l'anneau de deux bras.
Reine à l'immense front que les tristes marées
Ceignent de varech noir, de méduses moirées !



Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012

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