Mon corps était léger au jour naissant des rues,
Berger de sa douleur dans ce
Paris dormant
Il restait pur après la pureté perdue :
Qui souille le printemps ?
Qui souille le printemps ?
Mais tout souille l'automne
Et mes jeunes péchés ne furent-ils plus purs
Que ce renoncement du vieux pauvre au cœur dur.
Qui refuse l'aumône ?
Je t'ai dit non, à toi, plaintive, qui m'aimas,
Qui ne voulus sourire et ne me fis pas signe.
Mais dans la nuit, à son odeur de réséda.
Je connaissais ma vigne.
J'ignore tout de toi : tes amours et tes crimes.
De tes captives mains quelles sont les attaches ;
Mais je t'aime, visage étroit, tissé d'énigmes.
Pour ce que tu me caches.
Tu vécus loin de moi des milliers de vies.
Je ne sais quel secret t'habite et te dévore
Mais ton sourire faux et tes tempes blanchies
L'emportent sur l'aurore.
Si ta marche est traînante et si ton beau corps plie.
C'est qu'il renferme un cœur chargé de trop de proies.
Je me penche sur lui.
J'ai peur.
Je le côtoie
Comme une eau endormie.
Elle m'attire et me repousse.
Je me couche
Au bord de cette eau noire où pourrissent des tiges.
Et mon cœur baptisé cherche et fuit le vertige
Au contour de ta bouche.
Quels péchés inconnus font jaillir de ton être
Cette odeur des jardins que la grêle saccage ?
Je te respire comme, en ouvrant la fenêtre.
Je respirais l'orage.
Que ne m'as-tu roulé soudain, d'un flot amer.
Sur le sable où ma marche hésitante est inscrite.
Et que n'ai-je vécu pour chercher de ta chair
L'épuisante limite ?
Désormais, chaque jour est un renoncement
A la fatigue double et aux doubles paresses.
Ne vous enfermez plus jamais sur mon tourment.
Ténèbre des caresses.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012