pour
Dumas
Les chevaux galopent, les blancs chevaux de la fin du
monde.
A perdre haleine les chevaux bombent leur océan
Loin de la terre par les prairies blanches éclatées,
Et telles que des lichens pourris et doux, à leur crinière
S'emmêlent des traces de la nuit humaine
Qu'ils rejettent du tremblement immense de leur peau.
II
— les amours sont défaites et translucides les problèmes, vides, minces, tranchants, transparents de musique comme une coquille emplie de rosée au vent et les ceintures
dénouées des temples de l'Europe si blanches que la cadence étonnante du jour, au galop des
Levants les amours sont défaites —
III
Les chevaux galopent, les blancs chevaux de la fin du
monde.
Comme ils piétinent et pétrissent pour plus de lumière
Le cimetière accroché à son pauvre suaire constellé
De la nuit et les vieilles villes de la peur dans la monta-
Et les villes claires au bord des plages, fleurs dorées du
mensonge.
Et la foule des foules, la misère fanée de l'automne !
IV
— il n'est plus une source au monde où tourbillonne
le terrible poids du sang, il n'est plus unejissure, une lèvre
gui garde l'insidieuse mesure de l'ombre
et de l'attente ; il n'est plus qu'un chant recourbé
sur l'infini commencement de lui-même. —
V
Tandis qu'au fond d'eux-mêmes s'effritent leurs yeux,
Les chevaux les hauts chevaux de la fin du monde
Retombent et se couchent comme de longs rochers
Couronnant le soleil.
Au loin, la seule fleur
Que n'aient pas divisée leurs orages marteleurs,
Que n'ait pas trahie l'étincelle roulante de leur charge.
Se relève et monte vers la première étoile revenue,
À tire d'aile.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012