Allez, mes vers, enfans d'un dueil tant ennuyeux,
Que mon pleur plus que l'ancre amoitist ceste carte,
Las, allez, puisqu'il faut que mon soleil s'escarte,
Accompagnez la nuë espesse de mes yeux :
Allez, mes pleurs sourdans d'un cœur tant curieux
De ces beaux rais, qu'il faut qu'avecques eux il parte :
Allez donques, mon cœur, l'ame feroit la quarte,
Mais dans moi ce
Soleil veut s'en servir bien mieux.
Or puisqu'il faut que vif, en mourant, je demeure,
De peur que le renom d'un si beau feu ne meure,
Allez tous trois, au moins dire jusqu'en ce lieu,
Dont le vers, l'œil, le cœur, et l'ame attend sa force,
Le triste mot, helas ! vous ne pouvez qu'on force
Ce qui nuit, dites donc, adieu, mon dieu, adieu.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012