Si je pleure parfois sans causes,
Mes amis, ne me plaignez pas;
J'ai trop aimé l'âme des choses
Et les mystères d'ici-bas.
J'ai trop connu dès mon enfance,
Dans sa grave immobilité,
Le peuple qui garde en silence
Le rêve obscur de la beauté.
Tous ces êtres dans leur mystère
Ont englobé mon cœur d'enfant,
Comme au soir le mont solitaire
Vous prend dans l'ombre qui descend.
J'ai senti l'âme universelle
Des mers, des torrents et des bois
Unir dans sa plainte éternelle
La douleur d'innombrables voix,
C'est pour avoir aimé ces choses
Que je suis tout seul ici-bas.
Si je pleure parfois sans causes,
Mes amis, ne me plaignez pas.
Poème publié et mis à jour le: 14 February 2023