Poèmes

L'Adieu

par Jean Balde

Jean Balde

(Les Poètes)

Et maintenant je sens, mon rêve, que tu vas
T'éloigner, t'alanguir et t'effacer là-bas.
C'est en vain que je crois à ta douceur première,
Une ombre lentement descend sur ta lumière
Et je te vois au loin, comme un rayon qui fuit,
En ta longue blancheur reculer vers la nuit ;
Vers cette nuit profonde et triste, sans étoiles,
Où les rêves déchus nous pleurent sous leurs voiles.
Mais avant de glisser, mon rêve, pour toujours,
Dans cette ombre qui prend les anciennes amours,
Laisse encore une fois tomber sur mon front triste
Un de ces longs regards dont la douceur persiste
Et s'éternise en nous comme un dernier baiser...
Ne te tends pas vers moi dans un geste épuisé.
Je ne veux pas surtout sentir que tu chancelles,
Qu'une molle langueur se suspend à tes ailes.
Non, de tes yeux d'azur longtemps regarde-moi,
Pour qu'à jamais les miens se remplissent de toi,
Pour que mon triste cœur, mon âme te recueillent
Avant que sur ton front les roses ne s'effeuillent.

Et puis je fermerai doucement mes yeux las
Pour ne rien voir, mon rêve, à l'heure où tu t'en vas.

Extrait de: 
Âmes d'Artistes, (1908)



Poème publié et mis à jour le: 14 February 2023

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