Vers les trois heures du matin, quand le barman crache un poumon dans son whisky et que, lassée de s'offrir aux clients de l'hôtel, la putain dévisse tout à coup son visage
en carton
pour le jeter sur le tapis, ai-je le choix entre l'ivresse et le sommeil ?
Je puis monter au 308, lire un journal de l'avant-veille ou boire avec dégoût une lune trop chaude.
Je préfère, manquant d'énergie, me dissoudre dans la musique molle - on croirait un vieux sein -puis raconter ma vie, à peine racontable,
à la bouteille, au perroquet qui perd ses plumes,
au mégot fraternel, à une autre putain
qui dira : «
C'est gratuit : tu m'as l'air malheureux. »
Poème publié et mis à jour le: 13 November 2012