Portulan.
Ces trois syllabes de rêve salé faisaient surgir des caravelles encalminées sur la mer des
Sargasses, des galions égarés entre
Hispaniola et
San
Salvador.
A contempler, dans les musées navals de
Gênes ou de
Venise, ces cartes floues de mystère, enluminées d'imprécision, balafrées de routes aux pavés de vagues, piquetées de récifs, zébrées de courants,
poinçonnées de feux, combien de fois me suis-je laissé emporter sur des vaisseaux dont les noms mêmes étaient paroles d'aventures : caraques, galiotes, frégates,
schooners, corvettes, brigan-tins, goélettes, clippers.
Je faisais voile vers des îles connues de moi seul, où je serais proclamé roi des fourmis et des crabes, empereur des tortues de mer... à moins qu'un chef anthropophage
n'ait décidé de m'y croquer.
Poème publié et mis à jour le: 14 November 2012